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Le Hirak /Mouvement
20 mars 2017

Jacques Rancière et l'élection présidentielle

Le texte "élection 2017" ci-dessous fait référence aux positions de Jacque Rancière sur la démocratie et les élections. Son entretien avec Eric Aeschimann du Nouvel Observateur date de mai 2012. Son point de vue n'a pas perdu de sa pertinence après cinq années de gouvernement socialiste : " L'élection d'un président comme incarnation directe du peuple a été inventée en 1848 contre le peuple des barricades et des clubs populaires et réinventée par de Gaulle pour donner un «guide» à un peuple trop turbulent. Loin d'être le couronnement de la vie démocratique, elle est le point extrême de la dépossession électorale du pouvoir populaire au profit des représentants d'une classe de politiciens dont les fractions opposées partagent tour à tour le pouvoir des «compétents»."

Voilà l'entretien publié le 28 mai 2012, par les " entretiens de l'Obs" bonne lecture.

A la veille de l'élection présidentielle, le philosophe s'interroge sur les limites de la démocratie représentative et s'insurge contre la confiscation du pouvoir du peuple.

Le Nouvel Observateur. L'élection présidentielle est généralement présentée comme le point culminant de la vie démocratique française. Ce n'est pas votre avis. Pourquoi? 

Jacques Rancière. Dans son principe, comme dans son origine historique, la représentation est le contraire de la démocratie. La démocratie est fondée sur l'idée d'une compétence égale de tous. Et son mode normal de désignation est le tirage au sort, tel qu'il se pratiquait à Athènes, afin d'empêcher l'accaparement du pouvoir par ceux qui le désirent.

La représentation, elle, est un principe oligarchique: ceux qui sont ainsi associés au pouvoir représentent non pas une population mais le statut ou la compétence qui fondent leur autorité sur cette population: la naissance, la richesse, le savoir ou autres.

Notre système électoral est un compromis historique entre pouvoir oligarchique et pouvoir de tous: les représentants des puissances établies sont devenus les représentants du peuple, mais, inversement, le peuple démocratique délègue son pouvoir à une classe politique créditée d'une connaissance particulière des affaires communes et de l'exercice du pouvoir. Les types d'élection et les circonstances font pencher plus ou moins la balance entre les deux.

L'élection d'un président comme incarnation directe du peuple a été inventée en 1848 contre le peuple des barricades et des clubs populaires et réinventée par de Gaulle pour donner un «guide» à un peuple trop turbulent. Loin d'être le couronnement de la vie démocratique, elle est le point extrême de la dépossession électorale du pouvoir populaire au profit des représentants d'une classe de politiciens dont les fractions opposées partagent tour à tour le pouvoir des «compétents».

Lorsque François Hollande promet d'être un président «normal», lorsque Nicolas Sarkozy se propose de «rendre la parole au peuple», ne prennent-ils pas acte des insuffisances du système représentatif ?

Un président «normal» dans la Ve République, c'est un président qui concentre un nombre anormal de pouvoirs. Hollande sera peut-être un président modeste. Mais il sera l'incarnation suprême d'un pouvoir du peuple, légitimé pour appliquer les programmes définis par des petits groupes d'experts «compétents» et une Internationale de banquiers et de chefs d'Etat représentant les intérêts et la vision du monde des puissances financières dominantes.

Quant à Nicolas Sarkozy, sa déclaration est franchement comique: par principe, la fonction présidentielle est celle qui rend inutile la parole du peuple, puisque celui-ci n'a qu'à choisir silencieusement, une fois tous les cinq ans, celui qui va parler à sa place.

Mettez-vous la campagne de Jean-Luc Mélenchon dans le même sac?

L'opération Mélenchon consiste à occuper une position marginale qui est liée à la logique du système: celle du parti qui est à la fois dedans et dehors. Cette position a été longtemps celle du Parti communiste. Le Front national s'en était emparé, et Mélenchon essaie de la reprendre à son tour. Mais dans le cas du PCF cette position s'appuyait sur un système effectif de contre-pouvoirs lui permettant d'avoir un agenda distinct des rendez-vous électoraux.

Chez Mélenchon, comme chez Le Pen, il ne s'agit que d'exploiter cette position dans le cadre du jeu électoral de l'opinion. Honnêtement, je ne pense pas qu'il y ait grand-chose à en attendre. Une vraie campagne de gauche serait une dénonciation de la fonction présidentielle elle-même. Et une gauche radicale, cela suppose la création d'un espace autonome, avec des institutions et des formes de discussion et d'action non dépendantes des agendas officiels.

Les commentateurs politiques rapprochent volontiers Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en les accusant de populisme. Le parallélisme est-il fondé?

La notion de populisme est faite pour amalgamer toutes les formes de politique qui s'opposent au pouvoir des compétences autoproclamées et pour ramener ces résistances à une même image: celle du peuple arriéré et ignorant, voire haineux et brutal. On invoque les pogroms, les grandes démonstrations nazies et la psychologie des foules à la Gustave Le Bon pour identifier pouvoir du peuple et déchaînement d'une meute raciste et xénophobe.

Mais où voit-on aujourd'hui des masses en colère détruire des commerces maghrébins ou pourchasser des Noirs? S'il existe une xénophobie en France, elle ne vient pas du peuple, mais bien de l'Etat lorsqu'il s'acharne à mettre les étrangers en situation de précarité. Nous avons affaire à un racisme d'en haut.

Il n'y a donc pas de dimension démocratique dans les élections générales qui scandent la vie des sociétés modernes

Le suffrage universel est un compromis entre les principes oligarchique et démocratique. Nos régimes oligarchiques ont malgré tout besoin d'une justification égalitaire. Fût-elle minimale, cette reconnaissance du pouvoir de tous fait que, parfois, le suffrage aboutit à des décisions qui vont à l'encontre de la logique des compétents.

En 2005, le Traité constitutionnel européen fut lu, commenté, analysé; une culture juridique partagée s'est déployée sur internet, les incompétents ont affirmé une certaine compétence et le texte a été rejeté. Mais on sait ce qu'il advint! Finalement, le traité a été ratifié sans être soumis au peuple, au nom de l'argument: l'Europe est une affaire pour les gens compétents dont on ne saurait confer la destinée aux aléas du suffrage universel.

Où se situe alors l'espace possible d'une «politique» au sens où vous l'entendez?

L'acte politique fondamental, c'est la manifestation du pouvoir de ceux qui n'ont aucun titre à exercer le pouvoir. Ces derniers temps, le mouvement des «indignés» et l'occupation de Wall Street en ont été, après le «printemps arabe», les exemples les plus intéressants.

Ces mouvements ont rappelé que la démocratie est vivante lorsqu'elle invente ses propres formes d'expression et qu'elle rassemble matériellement un peuple qui n'est plus découpé en opinions, groupes sociaux ou corporations, mais qui est le peuple de tout le monde et de n'importe qui. Là se trouve la différence entre la gestion - qui organise des rapports sociaux où chacun est à sa place - et la politique - qui reconfigure la distribution des places.

C'est pourquoi l'acte politique s'accompagne toujours de l'occupation d'un espace que l'on détourne de sa fonction sociale pour en faire un lieu politique: hier l'université ou l'usine, aujourd'hui la rue, la place ou le parvis. Bien sûr ces mouvements n'ont pas été jusqu'à donner à cette autonomie populaire des formes politiques capables de durer: des formes de vie, d'organisation et de pensée en rupture avec l'ordre dominant. Retrouver la confiance en une telle capacité est une oeuvre de longue haleine.

Irez-vous voter?

Je ne suis pas de ceux qui disent que l'élection n'est qu'un simulacre et qu'il ne faut jamais voter. Il y a des circonstances où cela a un sens de réaffirmer ce pouvoir «formel». Mais l'élection présidentielle est la forme extrême de la confiscation du pouvoir du peuple en son propre nom. Et j'appartiens à une génération née à la politique au temps de Guy Mollet et pour qui l'histoire de la gauche est celle d'une trahison perpétuelle. Alors non, je ne crois pas que j'irai voter.

Propos recueillis par Eric Aeschimann

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17 mars 2017

Jacques Majorelle

Jaqcues Majorelle est un peintre orientaliste, arrivé au Maroc en 1917, il s'installe à Marrakech. Au début de l’année 1921, il fait une première expédition dans le sud du pays. Il publie à son retour, Carnet de route d’un peintre dans l’Atlas et l’Anti-Atlas, journal tenu durant son périple. En 1923, il achète un terrain dans la palmeraie et s’y fait construire une maison dans le style mauresque. Le jardin est progressivement aménagé. L’année suivante, il peint le plafond de l’hôtel la Mamounia.

A partir des années 1930, il peint des nus noirs qui posent dans son jardin. Il multiplie ses expériences sur la couleur et poursuit ses recherches d’application de poudre d’or et d’argent.

Pendant la deuxième guerre mondiale, il effectue de nouveaux séjours dans l’Atlas. Il organise une exposition pour financer les dépenses entraînées par l’entretien des Jardins.

De novembre 1945 à 1952, il multiple les séjours en Afrique Noire.
Victime en 1955, d’un premier accident de voiture, il est amputé d’un pied.

En 1962, à la suite d’une fracture du fémur, il est rapatrié en France. Hospitalisé à Paris, il décède le 14 octobre 1962.
Il est inhumé à Nancy au cimetière de Préville avec ses parents.

 

14 mars 2017

Palestine: la voie de la résistance populaire

Le texte que vous allez lire est paru le 19 février 2017 sur le site de Comité Action Palestine.

Il pose des questions et mérite débat. Bonne lecture.

 

Palestine : la voie de la résistance populaire

Comité Action Palestine

19 février 2017

Depuis fin 2015, un mouvement de résistance populaire d’un style nouveau s’est développé en Palestine. Initié à al-Quds, il s’est rapidement étendu à toute la Cisjordanie, mais aussi dans la Palestine occupée en 48. Sans structuration apparente, indépendamment des organisations palestiniennes, les résistants frappent la société coloniale en son cœur par des moyens variés. Ni les arrestations, ni la répression sanglante (près de 300 martyrs depuis novembre 2015), n’ont réussi à stopper ces actes de résistance. En dépit de la faible intensité de ce mouvement, le mode de résistance mis en œuvre fragilise en profondeur l’entité sioniste. Dans ce contexte, il est important de comprendre quels facteurs, à la fois internes et externes, peuvent transformer ce mouvement de résistance en une force capable de renverser durablement le rapport de force et conduire à l’effondrement du projet colonial sioniste en Palestine.

La résistance populaire affaiblit l’entité sioniste

Engagé il y a plus d’un an en réponse à la poursuite de la colonisation et à la répression, aux menaces grandissantes sur les lieux saints et à l’absence de perspectives politiques, le mouvement de résistance populaire s’est inscrit dans la durée sur toute la Palestine. Il est certes d’intensité faible à moyenne, mais les modes de résistance choisis, tels que l’usage des armes blanches ou de voitures bélier, sont l’expression du génie populaire et de son attachement à la résistance. C’est une stratégie d’usure qui ne peut qu’accentuer la faiblesse de l’ennemi. En effet depuis 2000 et la libération du Sud Liban, l’entité sioniste s’affaiblit à la fois sur le plan externe et sur le plan interne. En externe, elle n’a remporté aucune des batailles engagées contre les mouvements de résistance que ce soit au Liban ou à Gaza. En interne, la faiblesse est d’abord structurelle. Le système politique sioniste tire actuellement sa légitimité d’une coalition de partis soutenant très ouvertement la colonisation. Malgré une relative pression internationale pour sauver la solution à deux Etats et qui s’est exprimée symboliquement par le vote de la résolution 2334 condamnant « la colonisation « à l’unanimité des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU (à l’exception de l’abstention des Etats Unis), le gouvernement sioniste ne peut plier sur cette question, sans risquer de perdre sa majorité. Dans ce contexte de fuite en avant, les attaques palestiniennes sont particulièrement efficaces pour aggraver la déstabilisation de l’entité sioniste en visant l’un de ses fondements existentiels qu’est la sécurité des colons. Elles ont distillé la peur au sein de la société coloniale dont l’adhésion idéologique au projet sioniste est bien moindre qu’au cours des premières décennies de l’entité. Il est donc capital que le mouvement de résistance populaire se maintienne dans la durée pour que la déstabilisation de la force occupante atteigne un point de non-retour.

Vers une stratégie de résistance unifiée ?

Néanmoins, depuis un an, ainsi que le constate l’intellectuel palestinien Mounir Chafik, ce mouvement n’a toujours pas été rejoint par les organisations palestiniennes de la résistance qui restent en retrait et peinent à s’unir pour définir une stratégie globale, fondée sur la convergence entre lutte populaire et action armée. Si la coopération sécuritaire de l’Autorité palestinienne avec le pouvoir colonial est un véritable frein au développement d’une résistance sur tous les fronts, d’autres facteurs peuvent expliquer cet état de fait. L’influence que certains Etats arabes (Qatar, Arabie saoudite, Turquie) exercent encore sur les différentes organisations ne peut certainement pas être négligée, ainsi que les difficultés associées à la division à la fois politique et territoriale entre Gaza (dirigé par le Hamas) et la Cisjordanie (contrôlée par l’Autorité palestinienne et le Fatah). Les contradictions internes au sein des factions jouent également un grand rôle dans la paralysie actuelle. Mais la difficulté des factions palestiniennes à intégrer le mouvement populaire pourrait avoir également des causes sociales liées aux écarts de classe entre les dirigeants politiques et les artisans de la résistance populaire. Pourtant plusieurs faits récents témoignent d’un attachement à la résistance de toutes les factions. En premier lieu Marwan Barghouti, fondateur de la Brigade des Martyrs d’al-Aqsa et emprisonné depuis 15 ans, a recueilli le pourcentage de voix le plus élevé aux dernières élections du comité central du Fatah. Au Hamas,  la nomination récente de Yahya Sinwar, fondateur des Brigades Ezzedin al-Qassam, à la tête du mouvement dans la bande de Gaza confirme la voie de la résistance comme seul moyen de mettre fin à l’occupation sioniste. Finalement, un accord scellé en janvier 2017 à Moscou par les organisations palestiniennes permettant l’admission du Hamas et du Jihad islamique dans l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) marque aussi la volonté de poursuivre la résistance dans le nouveau contexte politique régional et ses derniers développements en Syrie.  

Rapport de forces international favorable à la résistance palestinienne

Les conséquences du conflit en Syrie sur la Palestine ne peuvent être appréhendées qu’en considérant cette guerre comme l’expression de quatre conflits imbriqués qui opposent de fait la Russie aux USA (et au camp occidental, Israël compris), l’Iran à l’Arabie saoudite, la Turquie aux Kurdes et la Syrie en tant qu’Etat nation aux forces anti-gouvernementales. L’intervention de tous les acteurs est avant tout gouvernée par leurs intérêts politiques et économiques, chacun établissant ses propres priorités. Cette logique explique alors des recompositions d’alliance parfois inattendues, et les éléments d’ordre idéologique et religieux sont très secondaires.

En 2016, ce conflit a été surtout marqué par le renforcement de l’alliance entre la Russie et l’axe de résistance contre l‘impérialisme et le sionisme Syrie-Hezbollah-Iran. La bataille d’Alep, fin 2016, a marqué un tournant décisif dans ce conflit. La Russie a renforcé sa position de première puissance stratégique (suprématie militaire) et retire déjà les bénéfices économiques de cette suprématie (signature de contrats avec le Qatar par exemple). L’Iran voit également sa situation renforcée, malgré les contradictions internes qu’elle a dû gérer quant à la collaboration avec la Russie et la question des kurdes iraniens. Ce renforcement de l’Iran est déterminant au moment où le congrès américain vient de voter la prolongation des sanctions pour 10 ans, remettant en cause l’accord sur le nucléaire. Par ailleurs, l’expérience militaire collective acquise au cours de ce conflit par les membres de l’axe de la résistance est déterminante. Cette guerre a en effet été l’occasion d’une coopération étroite sur le terrain entre l’armée régulière syrienne, les  forces du Hezbollah et les forces iraniennes. Dotées d’équipements militaires parmi les plus sophistiqués fournis par les Russes, les partis de la coalition anti-impérialiste ont pu développer des compétences militaires et définir de nouvelles stratégies de combat. Ainsi que le rapportent certains sites israéliens d’analyses stratégiques, cette nouvelle puissance militaire est très certainement en mesure de mettre un terme au colonialisme sioniste en Palestine.

Au-delà de l’entité sioniste, les développements en Syrie entérinent l’affaiblissement du camp impérialiste dans sa globalité. La confirmation de la présence de militaires de l’OTAN dans les quartiers tenus par Daesh à Alep est une nouvelle preuve du soutien occidental à toutes les forces anti-gouvernementales sans distinction. Cette présence rappelle que l’objectif principal de l’engagement des occidentaux en Syrie est de détruire l’axe de résistance, notamment le Hezbollah et l’Iran. Le fait que les occidentaux ne soient pas arrivés à leurs fins est l’expression d’une défaite majeure et de leur affaiblissement. L’accord d’Astana signé en janvier 2017 entre Russes, Turcs et Iraniens institue un mécanisme trilatéral de supervision du cessez-le-feu en Syrie et confirme l’exclusion des États-Unis et de leurs alliés.

C’est également une grande défaite pour l’Arabie saoudite qui montre ses faiblesses à la fois sur le plan militaire et sur le plan économique. Elle est empêtrée au Yémen, où elle perd peu à peu le soutien de ses « alliés » et notamment celui des américains qui ont exprimé leur souhait de se désengager en raison des erreurs saoudiennes. Par ailleurs, certains de ses alliés arabes ont changé de camp. L’Egypte a décidé de s’engager au côté des forces syriennes et des tensions sont apparues récemment entre les deux pays. Même si de nombreuses incertitudes subsistent, ce contexte de renforcement de l’axe de résistance et d’affaiblissement du camp impérialiste, particulièrement défavorable à l’entité sioniste, offre une opportunité majeure pour la résistance palestinienne. C’est à ce titre que se justifie le soutien politique à la souveraineté de l’Etat syrien.

Zones d’incertitudes et nécessité de résistance

Il subsiste cependant de nombreuses incertitudes quant à l’issue de ce conflit. La Turquie qui en est un acteur majeur  a connu en 2016 une forte instabilité interne avec une tentative de coup d’Etat et de très nombreux attentats. Dans ce pays, les intérêts à court terme de l’Etat et de la classe dirigeante priment sur toute stratégie internationale à long terme. Ainsi pour protéger ses intérêts économiques immédiats et sauver le pouvoir de l’AKP, la Turquie n’a pas hésité à revoir sa politique d’alliances en renouant avec Israël, en se rapprochant de la Russie et en entrant en guerre en Syrie aux côtés de la coalition pro-russe. Après avoir servi de base arrière à l’action de Daesh en Syrie, la Turquie s’est recentrée sur la question kurde et semblait avoir perdu toute confiance dans l’administration Obama, accusée par les autorités turques de soutien actif à la tentative de coup d’Etat. Au Liban, Michel Aoun a pu être élu à la Présidence de la république grâce à une coalition allant du Hezbollah aux forces libanaises de Samir Geagea. Mais il est peu probable que cette élection puisse conduire à une plus grande stabilité de ce pays, dont le système politique issu de la période coloniale est particulièrement fragile et incohérent.

Par ailleurs il est encore très difficile d’envisager les conséquences de l’élection de Donald Trump aux USA.  A priori en faveur d’une stratégie isolationniste qui défend d’abord les intérêts financiers et économiques des USA, il semble plutôt favorable à un rapprochement avec la Russie, et cible prioritairement le rival économique chinois. Une tentative de retour à la normale avec la Turquie est en cours. Ses déclarations vis-à-vis de la Palestine et de l’Iran sont inquiétantes. Mais au-delà des grandes déclarations, peut-on préjuger des décisions qui conduiraient à une intervention américaine aux côtés de l’entité sioniste pour attaquer l’Iran ou mater un soulèvement général en Palestine en contradiction complète avec la stratégie isolationniste annoncée ? Il est trop tôt pour le dire. Cela dépendra certainement du nouveau rapport de force USA/Russie, ainsi que des contradictions internes à l’administration américaine.

Pour la Palestine, la situation est néanmoins porteuse d’espoir. Dans ce contexte international plutôt favorable, la dynamique de résistance actuelle est portée par un mouvement populaire interne indépendant des influences extérieures. Pour construire une unité nationale, les organisations politiques palestiniennes devraient, quant à elles, privilégier des alliances étrangères fondées uniquement sur le soutien à la résistance. L’absence de dénonciation forte par les factions palestiniennes du rétablissement des relations officielles entre la Turquie et Israël traduit certainement la priorité actuelle donnée à l’unité nationale. Les accords pour réformer l’OLP cités précédemment, illustrent également cette priorité. Par ailleurs la pression toujours plus forte exercée sur les réfugiés, notamment au Liban, révèle que cette composante du peuple palestinien n’est plus en capacité, à court terme, d’initier un mouvement de résistance à partir de l’extérieur. Ce qui était vrai depuis le début des années 80, l’est encore plus aujourd’hui. Ces conditions renforcent la nécessité de conduire la résistance à partir de l’intérieur, indépendamment des Etats arabes, il s’agit d’une opportunité majeure pour le développement d’une insurrection propre à la Palestine capable de modifier le rapport de force avec l’occupant. Certaines factions comme le Jihad islamique pourraient jouer un rôle déterminant dans ce processus.

Depuis la déclaration de Balfour dont on marquera le centième anniversaire en 2017, le contexte géopolitique a beaucoup changé au Proche et Moyen Orient et dans le monde. Alors qu’au moment des accords de Sykes-Picot, l’impérialisme occidental était à son apogée, il connait actuellement un déclin continu, notamment depuis la seconde moitié du XXème siècle et la période de la décolonisation. La défaite occidentale en Syrie et l’élection de Donald Trump aux USA sont des signes majeurs de la faiblesse actuelle de la stratégie impérialiste. De plus, le développement de partenariats économiques autonomes entre les pays du Sud, comme actuellement entre pays africains, reflète une autonomisation certaine vis-à-vis de l’Occident. Mais la résistance des peuples n’est pas encore assez construite pour mener au renversement complet des rapports de force. En effet les attaques impérialistes restent possibles car les Etats du Sud, notamment les Etats arabes, sont faibles et leurs gouvernements n’ont pas de légitimité populaire. Pourtant les questions sociales sont cruciales et pourraient engendrer des soulèvements porteurs d’un projet révolutionnaire, ou du moins de certains changements politiques. Pour tirer parti de ce contexte favorable, il devient urgent que se développe dans tous ces pays une conscience politique propre et que se mettent en place des organisations avec des visions stratégiques claires. La Palestine est à l’avant-garde du mouvement ; ce qui s’y passera au cours des prochains mois aura sans aucun doute des répercussions majeures pour le peuple palestinien et l’ensemble des peuples du Sud.

Comité Action Palestine

19 février 2017

 

14 mars 2017

La situation actuelle en Palestine

En France un silence de plomb est maintenu et entretenu sur la situation actuelle en Palestine. Aucune solution pour résoudre la "question" palestinienne ne semble en vue dans un avenir proche. L'Etat colonial israélien continue à occuper les terres palestiniennes, à assassiner les militants de la résistance, à opprimer et humilier la population  etc. le ministre de l’éducation Naftali Bennett obtient le 5 décembre 2016 l’adoption en première lecture par la Knesset d’une loi prévoyant l’annexion aux colonies de 4 000 logements isolés dits « outposts » pour les rattacher aux colonies autorisées par Israel. Le parlement israélien a adopté le lundi 6 février une loi "légalisant" le vol des terres privées palestinienne en Cijordanie. Le monde semble impuissant d'arrêter la colonisation de la palestine malgré la dernière résolution des Nations Unis :

" 23 déc. 2016 - Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté un projet de résolution réclamant l'arrêt de la colonisation israélienne, après que les Etats-Unis ont décidé de ne pas utiliser leur droit veto, mais de s’abstenir.

14 membres du Conseil de Sécurité se sont prononcés en faveur du projet de résolution réclamant l'arrêt de la colonisation menée par l'Etat d'Israël. Un seul pays, les Etats-Unis, s'est abstenu."

François Holande veut «croire qu'Israël et son gouvernement (puissent) revenir sur ce texte». " Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a estimé que la loi «est en infraction avec la loi internationale et aura d'importantes conséquences juridiques pour Israël». L'UE exhorte Israël à ne pas mettre en œuvre cette loi." "les médias mainstream ont parlé de « revers » ou de « camouflet » pour l'entité sioniste et son Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a même affirmé qu'il s'agissait « d'un jour historique » et d'une « victoire (...) du droit international ». Certains analystes sont allés jusqu'à évoquer de possibles « sanctions » politiques et économiques si la colonisation « des territoires palestiniens » se poursuivait."

Tout ce beau monde, habitué aux gesticulations, est incapable et manque de volonté pour imposer à Israël l'arrêt de la colonisation de la Palestine. " Ne nous faisons cependant pas d’illusions : nos dirigeants actuels (ou ceux qui aspirent à l’être, de Fillon à Macron en passant par Le Pen) n’imposeront pas pour autant de sanctions à l’Etat voyou malgré ce nouveau coup de force." (CAPJPO Euro-Palestine).

Tarek El-Bechry, juriste égyptien, dans son livre publié en 2009 à Beyrouth " Les Arabes face à l'agression", concluait sa critique des contradictions du discours légaliste se référant exclusivement au "droit international" en ses termes : " nous ne pouvons réclamer nos droits que dans le cadre « légal » esquissé par nos agresseurs. C'est pire qu'une défaite, c'est une reddition humiliante pour l'esprit et une honte pour l'âme"

Aujourd'hui de nouvelles formes de résistance et de luttes populaires se développent en Palestine. Pour le Comité Action Palestine, le contexte est favorable à la résistance palestinienne contrairement à ce qu'on peut croire : " Depuis fin 2015, un mouvement de résistance populaire d’un style nouveau s’est développé en Palestine. Initié à al-Quds, il s’est rapidement étendu à toute la Cisjordanie, mais aussi dans la Palestine occupée en 48. Sans structuration apparente, indépendamment des organisations palestiniennes, les résistants frappent la société coloniale en son cœur par des moyens variés. Ni les arrestations, ni la répression sanglante (près de 300 martyrs depuis novembre 2015), n’ont réussi à stopper ces actes de résistance." Néanmoins les divisions des organisations palestiniennes, la collaboration sécuritaire de l'Autorité palestinienne avec l'armée d'occupation constituent des obstacles à une mobilisation populaire massive seule d'après l'intellectuel palestinien Mounir Chafik (à lire son interview paru dans http://www.afrique-asie.fr et publié dans le site de Comité Action Palestine) à lire aussi sur ce blog.

 

carte-palestine

 

 

12 mars 2017

Election 2017

2017 Année des élections présidentielles en France. Le temps politique semble suspendu, l’espace médiatique est complètement absorbé par les annonces, les discours, les images des candidats et de leurs soutiens. Les partis politiques dominants, s’affairent, mobilisent leurs électeurs. Ils occupent la vie politique, à croire que rien d’autre ne se passe dans ce pays habitué aux mobilisations syndicales, politiques et sociales, contestant l’ordre établi.

Des luttes continuent…

N’en déplaise à certains manutentionnaires des partis dominants, des luttes éclatent, des mobilisations, des manifestations énormes viennent comme l’éclaire illuminer le ciel assombri par les rhétoriques habituelles des ténors des classes dominantes : mobilisations, manifestations dans les quartiers populaires d’hommes, de femmes, de jeunes pour dénoncer les violences, les humiliations que subissent les jeunes des ces quartiers. La hogra est le cri universel de tous les opprimés, de tous les citoyens qui n’acceptent plus de se faire traiter comme des moins que rien :

 

Source : Investig’Action

Du Maroc, l’écho des cris des hommes et des femmes assistant à la mort de Mohsin Fikri dans des conditions effroyables, trouve son prolongement dans les cris des manifestants d’Aulnay-sous -bois dénonçant l’humiliation subie par Théo et réclamant justice.

Des Etats-Unis, des manifestations monstres dans tout le pays, dénoncent la politique d’expulsion, d’agression, de discrimination des minorités et des migrants…

D’autres luttes, des personnels hospitaliers, des femmes d’entretiens à Paris, des mobilisations monstres à Barcelone pour l’accueil des migrants (et la France socialiste, c’est pour quand ?) etc. nous rappellent que  « des progrès sociaux ne s’obtiennent jamais que par la lutte… »

Et les élections …

Les élections sont devenues une fin en soi, un rituel dont la répétition hypnotise les citoyens et les plonge dans une espèce d’amnésie générale. Une classe politique déconsidérée, rejetée par une bonne partie de la population, au dessus de toute considération morale, s’accorde et se donne ses représentants pour appliquer des politiques dictées par leurs maîtres financiers européens et mondiaux,  sans gène, ni culpabilité, au dessus des lois et sans contrôle aucun : et pourtant ils votent, pourquoi ? Il faut dire que  certains de ses adhérents, zélés, qui veulent se faire passer par ce qu’ils ne sont pas, s’agitent pour nous expliquer « qu’il faut être responsable, gouverner, gérer, s’adapter à la mondialisation, la seule solution pour éviter l’aventure… la gauche de gouvernement, la gauche réaliste, la seule capable d’améliorer un petit peu la vie des gens » Circuler, il n y a rien à voir, no alternative !

Les élections semblent constituer une  arme de diversion massive ! En Afrique comme dans le monde arabe, dès que les peuples se soulèvent pour mettre à bas des régimes dictatoriaux, les dirigeants occidentaux les pressent à organiser des élections pour se maintenir au pouvoir. Le citoyen insurgé, une fois son bulletin dans l’urne, retourne à ses préoccupations quotidiennes, sa citoyenneté est réduite à sa qualité de votant, sa puissance collective est dispersée, neutralisée pour un bon moment…

Il ne s’agit pas de rejeter les élections par principe : la fonction essentielle reconnue par certains candidats aux élections (gauche radicale), c’est que la campagne électorale peut leur fournir une tribune pour diffuser « des idées propres à la prise de conscience nécessaire, d’une part à la résistance, d’autre part à l’émancipation. Une tribune pour dénoncer les impostures du système en place, pour démolir les illusions qu’entretiennent ses chantres, et rappeler aux gens cette cruelle réalité : les progrès sociaux ne s’obtiennent jamais que par la lutte. » (Yoann Mathieu, les élections, un grand moment démocratique ? Investig’Action)

Mais les limites de cette modalité pour désigner des représentants sont nombreuses, citons quelques unes :

On présente « l’élection présidentielle comme le point culminant de la vie démocratique française ». Voilà ce qu’en dit le philosophe Jacques Rancière :

« Dans son principe, comme dans son origine historique, la représentation est le contraire de la démocratie. La démocratie est fondée sur l'idée d'une compétence égale de tous. Et son mode normal de désignation est le tirage au sort, tel qu'il se pratiquait à Athènes, afin d'empêcher l'accaparement du pouvoir par ceux qui le désirent.

La représentation, elle, est un principe oligarchique: ceux qui sont ainsi associés au pouvoir représentent non pas une population mais le statut ou la compétence qui fondent leur autorité sur cette population: la naissance, la richesse, le savoir ou autres. » (Voir les entretiens de l’Obs du 28 mai 2012)

          Autre difficulté, le système des élections actuel, tel qu’il est pratiqué, ne permet pas la perpétuation de progrès arrachés par la lutte (services publiques,  sécurité sociale, éducation nationale obligatoire et gratuite pour tous etc), ce qu’Alain Badiou appelle des éléments de progrès irréversibles. A chaque élection, une force politique triomphante peut s’attaquer et défaire ce que les citoyens ont obtenu de haute lutte : pensons aux attaques actuelles contre la sécu et le service public par des forces au service des politiques néolibérales…

Nous y reviendrons sur cette question des élections et son rapport à la démocratie dans un autre article…Car d’autres procédures sont possibles qui méritent d’être  connues et prises en compte.

          « Et enfin, par-dessus tout, en remettant l’acte de voter à sa place d’élément secondaire, annexe, dans le champ de l’action politique authentique, le « point de départ », si l’on veut, de l’implication politique – et non son terme, ou même sa seule expression, selon une vision largement répandue actuellement.

Ainsi, même s’il y avait des élus, ou peut-être à plus forte raison, ce qui précède, et même la seule chose qui compte vraiment, c’est l’activité du mouvement social, activité et mouvement qui devraient seuls dicter l’attitude de ces élus – ceux-ci n’étant qu’exécutants de ceux-là. » (Yoann Mathieu, op cit)

 

 

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10 mars 2017

Pourquoi ce blog suite

Pourquoi ce blog suite ?

L’auteur de ce blog,  avec ses modestes moyens, a la volonté de participer à la réflexion et aux débats qui structurent le champ politique et idéologique de notre temps. Il propose aussi ce blog comme un lieu d’informations sur les luttes sociales, politiques, idéologiques qui se déroulent en France, dans le monde arabe, en Afrique et ailleurs. Motivé et inspiré de lectures et de textes d’auteurs critiques des réalités et des systèmes politiques, socio-économiques et idéologiques d’aujourd’hui, il essaiera de donner à lire ces textes et rendra compte de ses lectures.

            La décennie 1970 - 1980

La décennie 1970 – 1980, l’auteur de ce blog l’a vécue comme une découverte majeure dans sa vie de jeune étudiant, originaire d’un pays où l’expression politique est non seulement très limitée mais peut exposer son auteur à une répression féroce quand ce n’est pas à sa disparition dans les prisons de ces « années de plomb ».

En effet le milieu universitaire français était riche d’organisations syndicales et politiques estudiantines. C’était des moments de militantisme et de liberté d’expression et d’action  d’une grande importance. Des débats organisés dans les amphis théâtres de l’université, dans les nombreuses  salles  de réunion en ville ou dans le campus universitaire m’ont permis, avec d’autres, de connaître et de s’informer sur les réalités politiques et idéologiques de ce pays et du monde . Ces années là, sont celles des luttes des mouvements de libération du Sud - Est Asiatique (Vietnam, Cambodge, etc.), contre l’impérialisme et le colonialisme. En Afrique, au Moyen Orient , en Amérique latine…des peuples se soulevaient et s’organisaient dans des mouvements nationaux et dans des organisations révolutionnaires pour combattre la misère sociale et intellectuelle, pour lutter contre la domination impérialiste et les dictatures soutenues et financées par l’impérialisme occidental à sa tête les Etats Unis d’Amérique.

            Ces luttes trouvaient des soutiens dans les milieux politiques et syndicaux en France et surtout dans le milieu étudiant organisé dans des syndicats et des organisations de jeunesse liées aux parties et aux organisations de gauche et d’extrême gauche.

            La présence de nombreux étudiants étrangers dans ces universités, organisés dans des associations et des organisations syndicales telles que la FEANF (fédération des étudiants africains en France) l’UNEM (union nationale des étudiants marocains), l’UGET (union générale des étudiants tunisiens), des étudiants palestiniens (moins nombreux) des étudiants antillais, yéménites, libanais  etc. a contribué par de nombreuses initiatives à apporter des informations sur les luttes qui se déroulaient dans leurs pays. Les manifestations, les pétitions, les distributions de tracts, les meetings, les grèves de la faim ont sensibilisé les forces politiques françaises et les populations locales aux réalités des pays d’origine de ces étudiants. Des liens militants et d’amitié ont permis de se connaître mutuellement, des solidarités internationales se sont nouées…pour mener des campagnes d’information et de soutien…

 L’accès à des lectures et à des textes d’intellectuels militants nous ont aidés à forger des outils intellectuels pour comprendre et agir afin de faire connaître les causes des peuples en lutte pour leur libération.

Ces luttes ont eu des prolongements, pour certains, dans l’immigration  établissant ainsi des liens de solidarité et de soutien avec les immigrés pour améliorer leur vie difficile dans ce pays : certains vivaient dans des chambres de quelques mètres carrés dans les foyers Sonacotra ou Aftam, séparés de leurs familles et empêchés de vivre dignement. D’autres soumis au marchands de sommeil… Il a fallu attendre 1976 pour que le regroupement familial « fut rendu légal, et institutionnalisé » grâce aux mobilisations des associations syndicales et politiques.

La décennie 1990 - 2000

Les années 1990 – 2 000, ont mis relativement fin à toute cette effervescence militante. Il faut dire que la fin victorieuse de la guerre du Viêt Nam et du Cambodge suivie par les révélations des crimes des khmères rouges et  les boat people ont semé des doutes dans l’esprit de nombreux militants…Ces révélations ont été précédées par une compagne contre la réalité du « socialisme réel » et contre toute velléité révolutionnaire par des médias (quotidiens, revues, émissions de radio et de télévision)  et des  intellectuels ex militants maoïstes, trotskystes ou d’anciens communistes, d’écrivains et d’hommes politiques de droite. Si dans les années 40 - 60 des intellectuels de gauche critiquaient avec raison le stalinisme et ses horreurs, ceux de ces années 70-80 associaient toute lutte pour l’émancipation, tout progrès social initié par une alliance entre communistes et socialistes en France, au totalitarisme. Ce concept s’est révélé  un instrument dont l’utilisation avait non seulement affaibli le militantisme de gauche mais entrainait le renoncement  de nombreux intellectuels et militants.

L’historien américain, Michael Scott Christofferson, dans son étude « Les intellectuels contre la gauche. L’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981), Agone, Marseille, 2009) portant sur les débats politiques et idéologiques français des années 1970, révèle les vrais objectifs de ces intellectuels (« nouveaux philosophes, revues Esprit, Nouvel Observateurs, etc.) Ils « ont réussi à marginaliser la pensée marxiste et à saper la tradition révolutionnaire, ouvrant la voie aux solutions modérées, libérales et postmodernes qui allaient dominer les décennies suivantes. Capitale de la gauche européenne après 1945, Paris devenait la « capitale de la réaction européenne » (Michael S. Christofferson). Nombreux de ces intellectuels sont devenus de fervents républicains néoconservateurs, soutenant l’invasion de l’Irak et les interventions guerrières, dénonçant toute critique de la politique de colonisation de l’Etat d’Israël, stigmatisant les jeunes des quartiers populaires et participant à la montée du racisme…

Des militants naguère actifs dans le milieu étudiant ont, aujourd’hui renoncé à leur idéal de jeunesse. La vie active oblige, certains se sont bien « intégrés » et ont acquis un certain « confort » social, ne jurent plus que par les élections. D’autres, peu actifs par le passé, ont adhérés aux partis politiques traditionnels, essentiellement le parti socialiste, espérant accéder à des postes de responsabilité, mais déçus, se contentent aujourd’hui de tenir un bureau de vote tous les cinq ans comme forme de « militantisme ». Leur adhésion à la gauche de gouvernement les rassure et leur permet de mener une vie tranquille loin des tumultes des sociétés d’origine. Ils se sont installés dans un conservatisme joyeux leur assurant une certaine promotion pour accéder à la classe moyenne…

Aujourd’hui

Face à la crise économique, sociale et politique et à l’assaut des politiques néolibérales, des forces militantes, syndicales et politiques semblent reprendre du poil de la bête. Des luttes et des contestations de ces politiques menées par la droite et « la gauche » font descendre des centaines de milliers de gens dans la rue. D’autres formes de militantisme et de lutte voient le jour : manifestations monstres, occupation de places publiques : Tahrir, Puerta del sol, Taksim, Occupy Wall street, place de la République (Nuit debout ) et dans de nombreuse villes, en France, aux Etats Unis, en Amérique latine etc

La parole se libère, des collectifs se forment, les masses mobilisées s’emparent des moyens libres à leur disposition, internet, skype, réseaux sociaux etc. pour communiquer, se donner rendez-vous, se retrouver et agir… 

Ce blog a donc pour objectif, en interaction avec ses lecteurs, d’autres blogs et sites de participer à maintenir vivante l’information, la réflexion, les débats, à donner à lire et voir des textes et des vidéos de conférences, de manifestations, de débats etc

 

6 mars 2017

Pourquoi ce blog

La période actuelle est le théâtre d'événements locaux, nationaux et internationaux: guerres, attentats meurtriers, luttes politiques, sociales, syndicales etc, débats et controverses nombreux s'y déroulent et mettent en prise des forces aussi nombreuses...
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