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Le Hirak /Mouvement
22 septembre 2017

Le Hirak Continue

Soraya

Entretien avec Soraya El Kahlaoui, socilogue, militante et coordinatrice du comité de soutien aux prisonniers politiques crée à casablanca, après l'arrestation des leaders du Hirak fin mai 2017.

Maroc. « Le hirak est porté par des revendications sociales. L’amazighité, au-delà du culturel, est intégrée comme aspect de la marginalisation socio-économique »

Publié le 21 septembre 2017 | Poster un commentaire

Entretien avec Soraya El Kahlaoui

Un mouvement « historique » : c’est ainsi que Soraya El Kahlaoui, sociologue « engagée », documentariste et militante, définit le hirak, ce mouvement né fin octobre 2016 dans le Rif après la mort de Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson écrasé par une benne à ordures [alors qu’il cherchait à récupérer le poisson qui y avait été jeté, au moment où il cherchait à la vendre].

Alors qu’il n’était au départ qu’une protestation contre la hogra (injustice), le mouvement s’est au fil des mois transformé en une plateforme de revendications contre la marginalisation dont s’estiment victimes les habitants de la région.

Après l’arrestation des leaders du hirak, dont Nasser Zefzafi, fin mai 2017, s’est créé à Casablanca un comité de soutien aux prisonniers politiques, dont Soraya El Kahlaoui devient coordinatrice. « Depuis les années de plomb [nom donné au règne de Hassan II, des années 1970 jusqu’en 1999], nous n’avions pas vu une telle répression », souligne-t-elle. « Comme tout le monde, j’ai été fascinée par la puissance de ce mouvement qui a fait renaître l’espoir chez de nombreux Marocains engagés. »

Alors que de nouvelles peines, allant jusqu’à vingt ans de prison ferme, ont été prononcées fin août par le tribunal de première instance d’Al Hoceima, et que la contestation s’étend à de petites villes du Rif, Soraya El Kahlaoui explique comment le hirak s’inscrit dans l’histoire du Maroc postindépendance et dans la lignée des revendications politiques de 2011.

Le soulèvement dans le Rif dure maintenant depuis plus de dix mois. L’avocat coordinateur de la défense des prisonniers rifains estime que depuis le début du mouvement, entre 250 et 300 personnes ont été arrêtées. Cela semble énorme…

Soraya El Kahlaoui (SEK) : Les chiffres changent en fonction de l’actualité, mais selon les dernières informations que nous avons recueillies au comité, 400 personnes auraient été arrêtées depuis le début du mouvement. Et hier encore, Imzouren [ville du Rif, autre haut lieu de la contestation avec Al Hoceima] a connu une nouvelle vague d’arrestations.

Ce chiffre, énorme, nous renseigne sur l’ampleur de la répression. Car il faut savoir que la plupart des arrestations, selon les termes utilisés par les familles sont en réalité des « kidnappings », autrement dit des arrestations sauvages. Et les personnes arrêtées, dont les leaders, ont été directement transférées à la prison de Casablanca.

J’en parle en connaissance de cause: au comité, nous nous sommes retrouvés face à des familles dans le désarroi, parce qu’entre Al Hoceima [ville au centre de la région du Rif rassemblant quelque 80 000 habitants] et Casablanca, par exemple, il y a plus de douze heures de route. Et que les prisonniers ont été incarcérés sans avoir eu le temps de prendre avec eux une brosse à dents, des habits de rechange ou une couverture. Si le comité n’avait pas été là, ce n’est pas l’Etat qui les aurait aidés.

Mais la répression ne s’arrête pas là. On la voit aussi à l’œil nu, dans la militarisation du Rif, en particulier Al Hoceima, qui ressemble à une zone sous embargo tellement il y a de policiers ! D’ailleurs, pour l’anecdote, des femmes que nous avons rencontrées, avec le comité, à Imzouren, nous ont raconté qu’elles étaient désormais obligées d’acheter au marché ce qu’elles trouvaient.

A l’occasion du 18e anniversaire de son accession au trône, Mohammed VI a gracié, fin juillet, une quarantaine de détenus du hirak. Mais dimanche 20 août, alors que la presse s’attendait à un nouveau geste pour le 64e anniversaire de la révolution du roi et du peuple, aucun détenu du Rif ne figurait parmi les 415 prisonniers graciés. Parmi eux se trouvent pourtant des personnes condamnées pour terrorisme…

SEK : Je crois que le message qu’a voulu faire passer le roi est clair. Dans son discours, très dur, il a expliqué que rien n’allait dans le pays et que tout le monde était responsable, des partis politiques jusqu’aux citoyens qui votent. Il n’a fait l’éloge que du secteur privé – rejetant ainsi les revendications de ceux qui ont manifesté pendant des mois pour que de l’argent public soit injecté dans la santé et dans l’éducation – et de la police. Comment comprendre cela ? Que le Maroc s’inscrit dans la logique de la loi néolibérale la plus sauvage.

Le comité de solidarité a récemment réalisé une vidéo pour demander la libération des prisonniers politiques, à laquelle ont participé des réalisateurs, des politologues ou encore des artistes. Il a été reproché aux intellectuels marocains de ne pas soutenir le hirak, ou en tout cas de l’avoir fait tardivement. Qu’en pensez-vous ?

SEK : Une tribune a été écrite au début du soulèvement par des intellectuels marocains, et pour la vidéo, certaines personnalités ont accepté de se montrer publiquement pour soutenir la cause. Si l’Etat continue sur la voie qu’il a choisie, j’espère que petit à petit, d’autres figures marocaines se grefferont à cette solidarité.

Mais c’est vrai, on a pu se rendre compte que la répression fonctionne, et que de nombreux intellectuels n’ont pas osé prendre la parole publiquement pour dénoncer la gestion sécuritaire du soulèvement dans le Rif.

Que vous disent les familles de la situation des prisonniers auxquels elles rendent visite ?

Leur moral est bon. Ils insistent pour dire que le hirak (le mouvement) n’est pas fini, qu’ils sont innocents et que leurs revendications sont légitimes. D’ailleurs, ce mardi, via leur avocat Saïd Benhammani, les détenus du hirak transférés à Casablanca ont annoncé qu’ils allaient « mettre en place des formes de mobilisation » au sein de la prison avant le début des jugements. Pour l’anecdote, à l’occasion de l’Aïd al-Adha [Fête du sacrifice d’Abraham], l’administration pénitentiaire leur a offert un mouton et ils l’ont refusé.

Avez-vous des nouvelles de Nasser Zefzafi, le leader de la contestation, incarcéré depuis la fin mai ?

SEK : Des quelques leaders placés en isolement, il est le dernier à s’y trouver encore. Pourtant, la loi dit que l’isolement n’est valable que le temps de l’enquête. Et un juge d’instruction a annoncé le 11 août que l’enquête était terminée.

La mort d’Imad Ettabi, ce jeune manifestant dont la mort a été annoncée le 8 août, a-t-elle marqué un tournant pour le hirak ?

SEK : Elle a surtout marqué un tournant dans l’action de l’Etat. Car aujourd’hui, nous sommes presque sûrs, suite aux déclarations d’un médecin, qu’Imad Ettabi est mort immédiatement après avoir reçu une cartouche de gaz lacrymogène tirée à bout portant par les policiers.

On savait qu’il se trouvait à l’hôpital militaire de Rabat mais nous n’avions plus de nouvelles. Certains le disaient dans le coma, sous respiration artificielle, dans un état de mort clinique.

Pourtant, sa mort n’a été annoncée qu’après le discours du roi, le 8 août, alors que les rumeurs disaient qu’une nouvelle grâce allait être prononcée en faveur des détenus du hirak lors de la fête de la révolution, du roi et du peuple.

Autrement dit, sa mort a été annoncée entre deux potentielles vagues de grâces royales. C’est la raison pour laquelle son décès n’a pas allumé le feu.

En tant que sociologue, comment inscrivez-vous l’action du hirak dans l’histoire des mouvements sociaux marocains ? Estimez-vous par exemple qu’il a réussi là où le Mouvement du 20 février a échoué ?

SEK : Je vois plutôt le mouvement du hirak comme le résultat d’un processus de maturation politique entamé en 2011.

Cette année-là, le Mouvement du 20 février avait déjà réussi quelque chose d’important : il avait créé une union entre les forces de gauche et les islamistes, et démocratisé la notion du politique.

Sa limite était qu’il prônait une révolution principalement politique, c’est-à-dire institutionnelle. C’est pour cela que l’Etat a réussi à désamorcer le mouvement très rapidement, dès le 9 mars, avec l’annonce de la réforme de la Constitution: le mouvement est né par la politique et a été désamorcé par la politique

Le hirak, lui, est porté par des revendications sociales. Il a eu l’intelligence de pousser plus loin « l’apolitisme » – car l’aspect non-partisan du Mouvement du 20 février était plutôt un mot d’ordre de façade – en s’autonomisant de la politique.

Il a également eu l’intelligence de se saisir de l’amazighité, non pas réduite à sa dimension culturelle mais en l’incluant comme un des aspects de la marginalisation socio-économique. Du coup, il questionne non pas l’identité culturelle, mais l’identité marocaine.

Enfin, Nasser Zefzafi a également, en interrompant le prêche d’un imam le 26 mai, mis à nu le fait que l’Etat marocain se sert aussi de l’islam comme d’un outil de propagande, et il s’est réapproprié l’islam populaire. Car son discours comporte de nombreux référents religieux, mais Zefzafi n’est pas un islamiste. Ce n’est pas non plus un gauchiste pour qui l’islam est un facteur bloquant dans le développement.

Peu de médias se rendent sur place et l’absence de couverture donne parfois l’impression que le mouvement s’essouffle. Qu’en est-il vraiment ?

SEK : Le hirak continue, notamment dans les localités marginalisées du Rif oriental. Au lieu de s’épuiser, il travaille de marges en marges et s’enracine. L’Etat, qui a enfermé tout le monde, compte sur le fait que les leaders du mouvement ont été arrêtés, pour que le mouvement s’essouffle. Mais tant que le problème de la marginalisation n’est pas réglé, le hirak continuera.

Aujourd’hui, personne ne peut dire quelle sera l’issue du bras de fer entre le hirak et l’Etat. Ce qui m’inquiète davantage, c’est le contexte international actuel, où les droits de l’homme comptent de moins en moins. C’est pourquoi, il est important, lorsqu’un mouvement social émerge, d’être derrière pour montrer que les peuples ne sont pas prêts à renoncer aux petits acquis gagnés ces trente dernières années. (Publié par MEE le 5 septembre 2017)
http://alencontre.org/video/maroc-le-hirak-est-porte-par-des-revendications-sociales-lamazighite-au-dela-du-culturel-est-integree-comme-aspect-de-la-marginalisation-socio-economique.html

 

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15 septembre 2017

Abécédaire de Christine Delphy

delfTexte apparu sur le site Ballast.

Sociologue et féministe, militante de la première heure au sein du Mouvement de libération des femmes et cofondatrice de la revue Nouvelles Questions féministes, Christine Delphy lança également, en 2002, la Coalition internationale contre la guerre menée par les États-Unis en Afghanistan — s’élevant, par là même, contre l’instrumentalisation de la condition des femmes à des fins militaires. Marxiste, ou marxienne, elle revendique le matérialisme comme l’« outil même » des groupes opprimés et s’attacha, sa vie de théoricienne durant, à faire état du « travail domestique gratuit » dévolu aux femmes. Une figure du féminisme français : incontournable et clivante.

Abolitionnisme : « L’abolitionnisme, c’est le projet d’une société sans prostitution, mais ce n’est en aucune façon la volonté de s’en prendre aux prostitué.e.s, bien au contraire. Dans l’analyse qui sous-tend ce projet, la prostitution est conceptualisée comme un des effets du patriarcat. » (« Du voile à la prostitution », entretien, 2013)

Bêtes : « C’est l’existence même des abattoirs qu’il va pourtant falloir, tous ensemble, oser remettre en cause. […] Le meurtre alimentaire, comme l’ap­pelait Pythagore, puis Porphyre, est institutionnalisé et, pourtant, il n’est pas ­nécessaire à notre survie. Nous attendons le jour où ce sera le système tout entier qui occupera le banc des accusés. » (Tribune collective cosignée par Delphy, Libération, mars 2017)

Capitalisme : « Mes détracteurs, de moins en moins nombreux, sont toujours ceux qui pensent que le capitalisme est la cause de tout. Le système patriarcal préexistait au capitalisme. Le système capitaliste n’a pas de raison de faire de différence entre les sexes. S’il en fait, c’est bien qu’il y a collusion entre capitalisme et patriarcat. Le capitalisme actuel appuie le système le plus spécifique de l’oppression patriarcale, soit l’extorsion de travail gratuit aux femmes. Car les femmes travaillent aussi sur le marché du travail et, là, elles sont sous-payées par rapport aux hommes. » (Entretien paru dans le n° 1272 de la revue Politis, octobre 2013)

Discrétion : « Le message de Finkielkraut : Faites ce que vous voulez, mais de la discrétion, que diable !, c’est le discours le plus classique, un discours qui paraît anodin, et justement, libéral : après tout, on n’est pas tenu de s’afficher. Et c’est pourtant ce qui montre qu’il n’y a aucune différence entre la position non-éclairée dite homophobe et la position libérale : la dernière n’est pas moins répressive, elle est plus hypocrite, c’est tout. […] La discrétion, c’est aussi écouter les histoires hétérosexuelles de ses collègues, des voisins de restaurant, sans jamais moufeter, et sans jamais parler de soi. C’est être seul.e. C’est mentir. Un peu, beaucoup, par action, par omission. Même à ses amis. L’estime de soi ne résiste pas longtemps à ce traitement. Vivre dans la peur, dans le mensonge, dans la solitude, dans le mépris de soi : voilà ce que nous imposent ces libéraux qui ne demandent que de la discrétion. » (« L’humanitarisme républicain contre les mouvements homo », Politique la revue, 1997)

Émancipation : « La pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’auto-émancipation. L’auto-émancipation, c’est la lutte par les opprimés pour les opprimés. Cette idée simple, il semble que chaque génération politique doive la redécouvrir. […] Les opprimés doivent non seulement diriger la lutte contre leur oppression, mais auparavant définir cette oppression elles et eux-mêmes. C’est pourquoi la non-mixité voulue, la non-mixité politique, doit demeurer la pratique de base de toute lutte ; et c’est seulement ainsi que les moments mixtes de la lutte — car il y en a et il faut qu’il y en ait — ne seront pas susceptibles de déraper vers une reconduction douce de la domination. » (« La non-mixité : une nécessité politique », Lmsi, 2016)

Foulard : « Se fixer uniquement sur le foulard : voilà une des grandes manifestations du racisme. On le voit chez l’autre, parce que c’est un signe étranger et qu’on ne le supporte pas. Ce n’est pas l’infériorité des femmes que l’on ne supporte pas. Si la société française ne l’acceptait pas, on serait au courant ! Malheureusement, elle la supporte très bien. Ce qu’elle ne supporte pas c’est le côté exotique et étranger. Elle se défausse ainsi de sa propre oppression patriarcale et sexiste en disant que c’est chez l’autre que cela existe, pas chez elle. » (Entretien pour Socialisme international, n° 11, 2004)

Genre : « Qu’est-ce que le système de genre ? C’est le système cognitif qui sépare l’humanité en deux groupes totalement distincts, totalement étanches, exclusifs l’un de l’autre et totalement hiérarchisés. […] Qu’est-ce que le genre ? En tant que concept, il correspond à peu près au sexe social. La recherche a prouvé que la plupart des différences entre les sexes, les différences de statut social, de richesse et de pouvoir, mais aussi les différences dites psychologiques, d’aptitudes et d’attitudes entre femmes et hommes, ne sont causées ni par le sexe anatomique, ni par les différences de fonction dans la procréation que ce sexe anatomique induit. » (Classer, dominer, La Fabrique, 2008)

Humanité : « L’égalité-déjà-là n’est pas seulement un mensonge : c’est un poison qui entre dans l’âme des femmes et détruit leur estime d’elles-mêmes, leur croyance souvent fragile qu’elles sont des êtres humains à part entière — et pas à moitié. C’est un des enjeux du féminisme aujourd’hui — y ramener les femmes. Or cela implique non seulement de lutter contre le patriarcat mais de faire passer le message : oui, il faut se battre encore et toujours ; non, nulle part, dans aucun pays et dans aucun rapport social, les dominants ne renoncent de bon gré à leurs privilèges. Mais combattre la vision idéologique du progrès-qui-marche-tout-seul et ne va que dans un sens — le bon — n’est pas suffisant. » (Un Universalisme si particulier, Syllepses, 2010)

Mouvement de libération des femmes (DR)

Ingérence : « Les mots ont changé, mais il n’est pas difficile de reconnaître sous le nouveau vocable du devoir d’ingérence la vieille mission civilisatrice, toujours aussi meurtrière, car elle incorpore le paradoxe du missionnaire : On sauvera leurs âmes (leur liberté) même s’il faut les tuer pour cela. » (Classer, dominer, La Fabrique, 2008)

Jeunesse : « Le statut d’enfant — le statut de mineur — est, y compris dans nos sociétés développées, un statut d’infériorité sociale générale, d’incapacité légale, de subordination, et d’appropriation. On le voit bien dans les cas de divorce, la question est : à qui appartiennent les enfants ? Les enfants sont des propriétés. […] Le père incestueux, la mère violente, vont-ils au nom de leur enfant, porter plainte contre eux-mêmes ? L’absence de personnalité juridique des enfants, leur grande solitude, leur vulnérabilité légalement organisée, voilà aussi l’une des pierres de touche, sinon la pierre de touche, du statut de mineur — qui est un statut de non-personne. » (Avant-propos à La Domination adulte de Yves Bonnardel, Myriadis, 2015)

Karl Marx : « J’utilise le cadre global de l’analyse marxiste, comme il est évident dans l’importance que je donne aux modes de production dans l’organisation sociale. Cependant, il apparaît, aux non-marxistes, mais encore plus aux marxistes, que je me démarque extrêmement de l’analyse précise de Marx, et de celle des marxistes contemporains orthodoxes. En effet je refuse le dogme de la prééminence absolue du mode de production capitaliste sur les autres, et plus encore celui de sa solitude : j’ai fait l’hypothèse et la théorie d’un autre mode de production. » (Préface à L’Ennemi principal, tome 1, 2013)

Libération : « Dans l’immédiat on peut poser que la libération des femmes ne se fera pas sans la destruction totale du système de production et de reproduction patriarcal. Ce système étant central à toutes les sociétés connues, cette libération implique le bouleversement total des bases de toutes les sociétés connues. Ce bouleversement ne pourra se faire sans une révolution, c’est-à-dire une prise de pouvoir politique. » (L’Ennemi principal, tome 1, 2013)

Morale : « Mais ce qui serait malheureux, ce serait qu’un mouvement politique n’ait pas de morale. Il y a forcément une morale. Il est là pour avoir une morale, entre autres choses. […] On ne peut pas être sans normes. » (L’Ennemi principal, tome 2, 2013)

Ni putes ni soumises : « Cela aurait pu être intéressant. C’est une création de SOS-Racisme, lui-même crée en partie par Julien Dray, l’une des pires expressions du PS. Les filles de Ni putes ni soumises ont été complètement instrumentalisées. Comme le fait toujours le pouvoir, il a pris des gens et les a utilisés contre leurs propres intérêts. Fadela Amara a quand même dit que l’antisémitisme est la mère de tous les racismes et que c’est contre cela qu’il faut lutter en premier ! Voilà des propos hallucinants, venant de la bouche de gens qui subissent une véritable discrimination et qui disent qu’il faut d’abord lutter pour le voisin. Les filles de Ni putes ni soumises disent ce qu’on veut entendre d’elles, à savoir que la violence masculine s’exerce dans les ghettos maghrébins et noirs. Elles diabolisent les jeunes hommes qui y vivent. S’il est clair qu’en matière de sexisme et de machisme ils ne sont pas mieux que les autres, il est certain qu’ils ne sont pas pires que les autres. » (Entretien pour Socialisme international, n° 11, 2004)

REUTERS/Philippe Wojazer

Occidental : « Le féminisme doit être mondial ou ne pas être. Il doit prendre en compte les luttes de toutes les femmes du monde, et de tous les groupes de femmes. Ces femmes ne peuvent lutter qu’à partir de leur propre vie et de leur propre expérience. Un féminisme qui exclut la vie et l’expérience de certaines femmes ne peut pas être valable. De la même façon qu’un socialisme qui exclurait l’expérience d’une certaine couche de la population ou de certains secteurs professionnels ne le serait pas. C’est le problème de généraliser à partir d’un cas particulier, et de prétendre détenir l’universel, spécialité typiquement occidentale. » (Entretien pour Socialisme international, n° 11, 2004)

Prise de conscience : « Il est normal que les femmes soient antiféministes ; c’est le contraire qui serait étonnant. Et la prise de conscience, le devenir-féministe n’est pas une Pentecôte soudaine et brutale ; la conscience n’est pas acquise en une fois et une fois pour toutes ; c’est un processus long et jamais terminé, douloureux de surcroît, car c’est une lutte de tous les instants contre les évidences : la vision idéologique du monde, et contre soi. » (L’Ennemi principal, tome 1, 2013)

Queer : « Il semblerait qu’on abandonne l’idée de lutte collective pour une transformation sociale. On parle d’actes de subversion individuelle ou de résistance individuelle. C’est le cas dans le mouvement queer. On a l’impression que tout ce qu’on peut espérer, c’est mettre quelques grains de sable dans le système et non plus le défaire. » (Entretien paru dans le n° 1272 de la revue Politis, octobre 2013)

Réalité : « Le secret du mouvement des années 1970, c’est d’avoir utilisé les découvertes profondes des paysans chinois et du mouvement Noir américain : parler la souffrance pour se rappeler la souffrance. Car la lutte politique, si elle n’est pas alimentée sans cesse par la conscience vécue, quasiment charnelle, de la réalité de l’oppression, devient un combat philanthropique ; et quand des femmes deviennent les philanthropes d’elles-mêmes, ne se souviennent plus ou veulent oublier qu’elles sont les humiliées et les offensées dont elles parlent, la force n’est plus avec elles. Garder, retrouver les sources de cette force, c’est aussi l’un des défis du nouveau siècle pour le mouvement féministe. » (Un Universalisme si particulier, Syllepses, 2010)

Sexisme général : « La société française dans son ensemble, avec l’aide d’une grande partie des femmes qui se disent féministes, est arrivée à faire d’une pierre deux coups : d’une part, à accuser toute une partie de la population [« les Arabes et les Noirs »] de défauts ignobles — elle serait non seulement sexiste mais aussi homophobe, antisémite — et, d’autre part, à absoudre complètement de sexisme la société dominante. Le résultat, c’est qu’on ne parle plus du sexisme général de notre société, tous hommes confondus. » (« La fabrication de l’Autre par le pouvoir », Migrations et sociétés, entretien, 2011)

Tenues : « Les vêtements sont genrés : ils signifient, entre autres choses, la hiérarchie entre hommes et femmes. Et les vêtements des femmes, qu’il s’agisse des talons hauts, avec la réduction de la mobilité et du confort qu’ils entraînent, ou du voile intégral (niqab), qui limite aussi la mobilité et le confort, disent clairement que pour plaire aux hommes les femmes doivent volontairement se mettre dans des situations où leur infériorité statutaire est marquée, à la fois par le sens (compris par
tout le monde) du vêtement et par les conséquences concrètes qu’il entraîne (comme l’incapacité de courir, et donc la vulnérabilité), conséquences qui font d’ailleurs partie de son sens.
» (« La fabrication de l’Autre par le pouvoir », Migrations et sociétés, entretien, 2011)

Un contresens absolu : « On nous exhorte à considérer la religion comme une affaire privée et même intime, qui ne devrait se dire qu’entre soi et soi et se pratiquer de la même façon que la toilette, dans le secret des salles de bains. […] La fameuse loi de 1905 (en France) est l’objet d’un contresens absolu depuis l’affaire du foulard. On lui fait dire qu’elle désapprouverait les religions, et même qu’elle lutterait contre elles, au nom de la raison. Dans cet argument, la raison apparaît comme un synonyme caché de l’athéisme. Seul l’athéisme serait raisonnable, et si on veut obéir à la raison, on devient forcément athée. Cette conception voudrait créer une hiérarchie entre l’athéisme et les autres croyances ; et elle aboutit, on le voit en France depuis une dizaine d’années, à plaider pour la transformation sournoise de l’athéisme en religion d’État. […] La liberté de conscience est — avec le droit à la vie et à ne pas être enfermé arbitrairement — la pierre d’angle de ce qu’on appelle les droits fondamentaux (ou droits humains, ou libertés individuelles, ou libertés publiques). […] C’est pourquoi la liberté de pratiquer son culte, et de le pratiquer publiquement, de même qu’on diffuse publiquement ses opinions politiques, philosophiques, esthétiques, est garantie par les Conventions internationales. » (Un Universalisme si particulier, Syllepses, 2010)

Getty Images

Viol : « On voit souvent les formes violentes ou marchandes de la sexualité — le viol, la prostitution — comme une utilisation des femmes au service de besoins des hommes, besoins qui sont posés comme physiques et non pas comme sociaux. On commence à voir, avec les analyses féministes du viol, qu’il n’en est rien. Le viol ne correspond pas à un besoin physique, mais à une volonté d’humilier, de rabaisser, de nier l’humain chez les femmes. Dans tous les systèmes de domination, il se crée une idéologie qui justifie la domination : les dominé.e.s sont des êtres inférieur.e.s. » (« Du voile à la prostitution », entretien, 2013)

W. Bush : « Le motif moral — ici la libération des femmes afghanes — fait appel à des valeurs en apparence progressistes : mais en apparence seulement ; car à l’examen, elles consistent en la croyance plus ou moins consciente en la mission de l’Occident ; or nous ne croyons avoir une telle mission que parce que nous croyons posséder la civilisation ; aucun journaliste, aucun homme politique, aucun intellectuel, n’a critiqué l’équation faite par G.W. Bush et ses épigones entre Occident et civilisation après les attentats du World Trade Center — au contraire, un consensus total s’est dégagé pour y voir une attaque contre la civilisation. » (Classer, dominer, La Fabrique, 2008)

XIXe siècle : « Le terme Patriarcat était peu utilisé jusqu’au début des années 1970, c’est à dire jusqu’à la renaissance du féminisme dans les pays occidentaux. Cependant ce terme faisait partie du langage courant, mais principalement sous la forme de l’adjectif patriarcal. D’ailleurs c’est surtout la littérature, et particulièrement la littérature du XIXe siècle, qui en a fait un mot familier. En revanche, les sciences humaines l’ignoraient et l’ignorent encore le plus souvent. » (« Le patriarcat, le féminisme et leurs intellectuelles », Nouvelles Questions Féministes, n° 2, 1981)

Yeux : « Je pense que l’on ne peut pas isoler la sexualité de l’ensemble de la culture. Je me suis toujours demandé quelle place donner à la sexualité. Moi, je ne crois pas aux besoins sexuels. Car l’espèce humaine n’est pas une espèce qui a des instincts. Donc je ne crois pas du tout qu’il y ait des besoins sexuels, ni des pulsions d’ailleurs. […] Malheureusement, il y a aussi un vrai problème politique à justifier la prostitution de cette façon‑là ! […] On le voit bien puisque le terme de pulsion n’est utilisé que pour les hommes (c’est ce qu’ils disent aux juges, ils ont des rideaux rouges qui leur tombent sur les yeux : Monsieur le juge, j’ai eu une pulsion, je ne sais pas ce qui s’est passé). » (« Genre à la française ? », Sociologie°3, vol. 3, 2012)

Zizi : « Ce zizi est un marqueur de la classe dominante. […] Ils prêtent à leur zizi des pouvoirs magiques ; c’est normal, ils le pensent comme origine de leurs privilèges — d’où les théories les plus farfelues. » (Extrait du DVD L’Abécédaire de Christine Delphy, Florence & Sylvie Tissot, 2015)

 

5 septembre 2017

Fatima Ahmed Ibrahim

Qui connait Fatima Ahmed Ibrahim, " Première soudanaise élue au parlement en 1965, Fatima Ahmed Ibrahim, féministe et communiste, a œuvré toute sa vie en faveur des droits des femmes et remporté de nombreuses victoires politiques. Elle s’est éteinte, le 12 août dernier, dans un silence lourd de sens."

Texte mis en ligne par TV5monde

Soudan : Fatima Ahmed Ibrahim, féministe, communiste et musulmane, partie en silence

Fatima Ahmed Ibrahim, première femme élue au Parlement soudanais, est décédée le 12 août 2017.
Fatima Ahmed Ibrahim, première femme élue au Parlement soudanais, est décédée le 12 août 2017.
(c) Capture d'écran vidéo Youtube AlJazeera

Première soudanaise élue au parlement en 1965, Fatima Ahmed Ibrahim, féministe et communiste, a œuvré toute sa vie en faveur des droits des femmes et remporté de nombreuses victoires politiques. Elle s’est éteinte, le 12 août dernier, dans un silence lourd de sens.
 

Comme trop souvent encore, un écart infini sépare l’immense œuvre accomplie par des femmes et leur niveau de notoriété. La disparition de Fatima Ahmed Ibrahim vient nous le rappeler. Pionnière dans la lutte pour le droit des femmes au Soudan, elle est décédée, le 12 août 2017 à Londres, à l’âge de 88 ans dans un silence assourdissant.
 
Yves-Gonzales Quijano enseignant-chercheur à l’université Lumière Lyon 2 – GREMMO n’a pas manqué de le souligner sur son blog. « Alors qu’en Grande-Bretagne, le Guardian et le Times lui ont chacun consacré une longue nécrologie, écrit-il, on ne trouve pas une ligne dans la presse francophone – si j’en crois Google – pour évoquer la Soudanaise Fatima Ahmed Ibrahim (…) » Il n'a pas été « aisé » pour ce chercheur de rédiger une biographie sur cette figure du féminisme, tant le peu de sources existantes sur elle, essentiellement en langues arabe et anglaise, sont ténues. Pour lui « cette absence totale d’intérêt pour l’une des plus grandes féministes arabes du XXe siècle en dit long sur le sérieux de ceux et celles qui prétendent si souvent s’intéresser au sort des « malheureuses femmes voilées ».

Activiste précoce, alliant féminisme et foi 

Dans son article publié sur le site sudantribune.com, Magdi El Gizouli,
rapporte cette déclaration de Fatima Ahmed Ibrahim qui résume sa vision du féminisme et le combat qui sera le sien : « L'émancipation ne signifie pas se débarrasser de nos bonnes traditions et valeurs nationales, ou que les femmes soudanaises deviennent une autre copie de la femme occidentale. C'est lutter contre l'analphabétisme, la maladie, le chômage, la pauvreté et la discrimination au sein du foyer et dans la société. L'égalité ne signifie pas que les femmes soudanaises deviennent une autre copie de l'homme. Cela signifie que les femmes soient complètement égales aux hommes dans les droits et dans la prise de décision à tous les niveaux. Les hommes, en tant qu' hommes ne sont pas responsables de la discrimination à l'égard des femmes. La plupart d'entre eux sont également exploités et discriminés. Pour cela, les femmes et les hommes devraient travailler ensemble pour aboutir aux changements sociaux qui préservont la démocratie, fondée sur la justice sociale et les droits de l'homme ». Pour lui, « elle avait un rêve d'émancipation collective, un rêve communiste.»

Fatima Ahmed Ibrahim est née en 1929 selon ses proches (1934 d'après l'inscription à l'Etat civil) à Omdurman, la plus grande ville du Soudan, située en face de la capitale Karthoum. Elle occupe la quatrième place d’une fratrie de huit enfants. Ses parents étaient instruits, sa mère a en effet suivi une scolarité et son père était enseignant et imam. Son engagement en faveur des femmes survient tôt. Dès le lycée, elle crée un journal intitulé « Elra'edda » (La pionnière) pour se dresser contre le gouvernement colonial britannique de l’époque. Elle signera sa première victoire en menant une grève contre l’annulation des cours de sciences pour les filles. Et à 14 ans tout juste, elle fonde l’Associations des femmes intellectuelles toujours dans l’idée de défier la domination coloniale. Elle poursuivra ce travail en écrivant sous pseudonyme dans la presse locale.
 
On a décidé d'apprendre l'Islam pour montrer aux fondamentalistes que cette religion ne contenait pas l'exploitation de la femme.

Fatima Ahmed Ibrahim 
A l'orée de la vingtaine, elle co-fonde l’Union des femmes du Soudan, qu’elle présidera en 1956. «Notre première revendication a été de demander des droits politiques pour la femme car nous pensions - avec raison - que tout découlerait de là, confie-t-elle dans l’Humanité. Au nom du Coran, on nous les refusait. Alors, on a décidé d'apprendre l'Islam pour montrer aux fondamentalistes que cette religion ne contenait pas l'exploitation de la femme.» Elle milite alors pour les droits civiques, l'égalité salariale et le congé maternité, l'éradication de l'analphabétisme chez les femmes, le droit des femmes à intégrer tous les corps de métiers et l'abrogation de la loi obligeant les femmes victimes de violences conjugales à retourner auprès de leur mari. 

Cumuler les victoires politiques 

Deux ans plus tard, en 1954, elle exerce comme rédactrice en chef de son magazine, Sawt al-Mara (Voix des femmes). Une publication qui favorise l’empowerment féminin et qui aura un poids dans la révolution. La même année, elle devient membre du parti communiste soudanais. 

Après la révolution d'octobre 1964, qui a abattu le régime d'Abbou  - arrivé à la suite d’un putsch militaire en 1958 et contre qui la féministe s’était dressée - les femmes gagnent le droit de vote et de se présenter aux élections. En 1965 Fatima Ahmed Ibrahim devient alors la première femme élue députée. Elle accomplira en quelques années ce que d’autres ont accompli en plus d’un demi-siècle.

En 1968, la plupart des droits pour lesquels elle s'était battue ont été adoptés : le droit pour les femmes de travailler dans n'importe quel domaine, l'égalité salariale, l’accès à l'enseignement supérieur pour les filles, le droit à des congés maternité rémunérés. « Fatima était une figure de premier plan, confirme Ibrahim Elnur, professeur au département de sciences politiques de l'Université américaine du Caire. Mais toute une génération de femmes instruites s'engageaient dans une lutte anti-coloniale obligeant même la droite conservatrice à faire de l'espace pour les femmes dans leurs organisations, y compris les Frères musulmans. Ce rôle de premier plan des femmes au Soudan explique pourquoi les droits politiques des femmes étaient bien avancés.​»

Une partie de la jeunesse lui a rendu un dernier hommage via Twitter où les posts certes émouvants sont bien peu nombreux au regard du long combat qu’elle a mené. 

L'une écrit en un jeu de mot, ou un lapsus, son admiration aimante :"Rest in power, - repose au pouvoir -  Fatima Ahmed Ibrahim. Tu as construit un nouveau chemin pour les femmes. C'est bon pour nous que ce fut toi." "RIP… Fatima Ahmed Ibrahim… Première femme soudanaise à être entrée au parlement et à nous ouvrir le chemin à tous les niveaux", rappelle une autre.

« Fatima était bien reconnue, assure Ibrahim Elnur. Mais sa disparition de l'espace politique et, en particulier, celle de la gauche, explique peut-être en grande partie la raison pour laquelle les nouvelles générations ne se rappellent guère les antécédents dynamiques des années 1960 et 1970.»

Ces extrémistes islamiques ne sont que des parasites. Ils prétendent gouverner en faveur de Dieu et pourtant ils ne font que s'enrichir eux-mêmes
Fatima Ahmed Ibrahim

En 1969, alors que Jaafar Nimeiri renverse le gouvernement en place et rompt une brève alliance avec les communistes, il ordonne plusieurs exécutions. Parmi, les exécutés, il y aura le syndicaliste Alshafie Ahmed Alshiekh, le mari de Fatima, rencontré au parti communiste et qui avait refusé un poste dans les rangs de Nimeiri. Refus qu'il a payé au prix de sa vie.

Exilée au Royaume-Uni

Comme l'écrit The Guardian, Fatima Ibrahim passe les années suivantes, en résidence surveillée ou en prison, jusqu’au renversement de Nimeiri en 1985. Mais en 1989, un autre coup d'Etat, d'Omar al-Bashir cette fois, installe une dictature militaire qui a pour effet de démanteler violemment la société civile et de réduire à néant les acquis des femmes. Fatima Ibrahim est encore arrêtée. En 1990, elle finit par obtenir l'asile en Grande-Bretagne. Elle y rejoindra son fils unique, Ahmed, médecin, tout en continuant à militer. Elle emploiera son énergie à fonder une branche londonienne de l'Organisation des femmes soudanaises. La femme pieuse poursuivra sa lutte contre le fondamentalisme. Elle dit, comme le rapporte le Times que « ces extrémistes islamiques ne sont que des parasites. Ils prétendent gouverner en faveur de Dieu et pourtant ils ne font que s'enrichir eux-mêmes» . 
 
En 1993, l’ONU lui remet le prix des droits de l’Homme. Autrice de plusieurs livres, elle retourne au Soudan en 2005 et est à nouveau élue au parlement. En 2006, elle reçoit une seconde récompense, le prix Ibn Rushd pour la liberté de pensée. Elle abandonnera, un an plus tard, la vie politique. Affaiblie par un grave diabète, elle est décédée dans une petite chambre londonienne, entourée de photographies de son époux et d'ornements soudanais.
 

 

4 septembre 2017

Arrestation de Salah Hamouri

Dans la nuit du 23 août, le jeune franco-palestinien, Salah Hamouri a été arrêté par l'armée d'occupation à Jérusalem-Est où il réside avec sa compagne Elza.

Les autorités françaises et les médias continuent à ignoré le sort réservé à ce militant palestinien par l'armée d'occupation. Seuls " Les internautes, souvent soutiens de longue date du militant, s'emploient à partager cette information inquiétante." Quelques médias en parlent dont l'Humanité mobilisé de longue date pour apporter son soutien à Salah et demander l'intervention des autorités françaises pour libérer le jeune franco-palestinien détenu arbitrairement par l'armée d'occupation israélienne.

l'Humanité.fr propose en accès libre et en exclusivité le documentaire de Nadir Dendoune: "L'affaire Salah Hamouri"

Le 23 août dernier, trois jours après avoir obtenu son diplôme d'avocat, Salah Hamouri, un Franco-Palestinien de 32 ans a été une nouvelle fois arrêté par l'armée israélienne à son domicile de Jérusalem. Ce mardi 29 août, un tribunal militaire, illégal au regard du droit international, a décidé de le placer en détention administrative pour une durée de six mois.

1 septembre 2017

Conspiration contre Al-Aqsa

Le 14 juillet, trois jeunes hommes de Umm Al-Fahm ont tiré à l’intérieur du site Al-Aqsa, tuant trois officiers de police. Une fusillade a éclaté ensuite entre les trois palestiniens et les forces d’occupation israéliennes et s’est achevée par la mort des jeunes palestiniens.

Comme à leur habitude, la majorité des médias français, reprenant une dépêche de l'AFP, ont qualifié immédiatement cet acte "d'attaque au poteniel explosif" (libé), attaque commise par trois"trois assaillants (tuant) deux policiers israéliens dans la vieille ville de Jérusalem avant d'être abattus" (France 24, Rtl, le Monde, 20 minutes, la Croix etc). Le même implicite caractérise ces unes des journaux français:"les terroristes palestiniens, des agresseurs arabes etc, ont tué des policiers innocents à proximité de la vieille ville de Jérusalem"; D'après ces médias, "cette attaque est un coup dur pour les services de renseignement et de sécurité israéliens" car "les assaillants sont des arabes israéliens identifiés comme des membres de la même famille, et n'avaient aucun antécédent ni casier judiciaire."

Ce qui frappe de ces commentaires, ce sont le manque d'interrogation sur les motivations des "assaillants", l'absence d'analyse de la situation de Jérusalem occupée : assassinats quotidiens de Jérusalémites par les soldats et les forces de sécurité israéliens, les pratiques agressives de la police armée contre les Jérusalémites, des intrusions répétées dans la mosquée Al-Aqsa et des provocations quotidiennes des fidèles à l'intérieur du site etc. Y a-t-il un autre lieu de culte, n'importe où dans le monde, qui permet à des soldats loudement armés d'y déambuler et de provoquer les sentiments des fidèles comme ça ?" s'interroge le Dr Inas Abad, chercheuse en sciences politiques, conférencière et militante politique à Jérusalem-Est. (Article publié sur le site web Middle East Eye le 28 juillet 2017).

La tentative d'Israël d'empêcher les fidèles d'accéder à la mosquée en fermant l'esplanade des mosqués et en annulant la prière du vendredi, l'installation de portiques électroniques dont l'objectif est d'habituer les fidèles à être fouillés, comme ils le sont aux checkpoints, dans les hopitaux, les centres commerciaux,, les bureaux de l'assurance maladie ou de la poste et maintenant à la mosquée Al-Aqsa..."

Ces actes de l'Etat colonial ont poussé les palestiniens à Jérusalem " à repenser et à relancer notre lutte en tant que palestiniens. c'est le moment de reconquérir nos droits, peu importe la position de nos dirigents qui nous ont maintes fois laissé tomber." Inas Abad.

Les bonnes âmes politico-médiatiques et les soutiens de l'Etat colonial, ne manqueront pas à crier à la théorie du complot. Mais ce n'est pas la première fois que l'on parle de  conspiration contre la mosquée Al-Aqsa, Charle Anderlin, ancien correspondant  de France 2 avait fait un film documentaire sur la question. A voir ici

https://www.youtube.com/watch?v=pmNGwtGCraw.

Voici un autre texte de Dan Cohen qui analyse les réactions des médias et des hommes politiques israéliens et surtout le "rôle joué par des colons fanatiques dans l'intention de s'approprier le contôle de l'anceinte de Al-Aqsa, à Jérusalem-Est occupée, et de finalement la détruire, conformément à leur vision apocalyptique."

Voici les dirigeant.es israélien.nes qui veulent détruire Al Aqsa

Publié le 29 août 2017 | sur le blog « Entre les lignes entre les mots »

Depuis la fusillade du 14 juillet aux abords de l’enceinte d’al-Aqsa, fusillade qui s’est soldée par la mort de trois citoyens palestiniens d’Israël et de deux policiers israéliens, les médias israéliens se sont longuement concentrés sur l’infamie universelle consistant à perpétrer une agression dans un lieu saint et ce, tout en louant les punitions collectives infligées par le Premier ministre Benjamin Netanyahou à la population palestinienne.

« Ce sont eux les semeurs de discorde », écrivait le chroniqueur de Yedioth Ahronot, Ben-Dror Yemini : « Ils compromettent la lutte justifiée pour l’égalité. Ils sèment des mensonges et entretiennent l’incitation à la violence. Dans notre intérêt et dans le leur, les Arabes d’Israël devraient également se débarrasser de cette nuisance. »

« Netanyahou et [le dirigeant de l’AP Mahmoud] Abbas ont tous deux agi de façon responsable pour empêcher une guerre sainte ; mais la condamnation d’Israël par le monde arabe est un motif d’inquiétude », disait le sous-titre d’une analyse de Barak Ravid, dans Haaretz.

Ce qui manque dans les commentaires de toute la presse, c’est la moindre reconnaissance du rôle joué par des colons fanatiques dans l’intention de s’approprier le contrôle de l’enceinte Al Aqsa, à Jérusalem-Est occupée, et de finalement la détruire, conformément à leur vision apocalyptique.

L’enceinte, connue des musulmans sous le nom de Haram al-Sharif et des juifs sous celui de mont du Temple, comprend la mosquée Al Aqsa et le dôme du Rocher. C’est l’un des sites musulmans les plus sacrés du monde et c’est en même temps une pierre angulaire de l’identité palestinienne.

Changement de donne

Les Israéliens qui cherchent à reprendre Al Aqsa perçoivent l’agression du 14 juillet et la violence qui a suivi comme une occasion de hâter cet agenda. Immédiatement après l’incident, le corps officiel du mouvement du Temple a publié une déclaration appelant à expulser les Palestiniens de l’enceinte : « Nous devons libérer le mont du Temple de l’Islam assassin et le rendre au peuple d’Israël. »

« Nous envisageons la construction du Temple cette année et nous espérons que vous verrez bientôt le visage de notre Messie légitime », écrivait la semaine dernière Baruch Marzel, l’un des dirigeants les plus extrémistes parmi les colons israéliens de Cisjordanie, dans une lettre ouverte adressée au mufti de Jérusalem – la plus haute autorité musulmane de la ville.

Bezalel Smotrich, un député du parti Foyer juif, ne veut même pas attendre aussi longtemps ; « J’érigerais une synagogue sur le mont du Temple aujourd’hui, ce matin même », a-t-il déclaré lundi.

Sous protection militaire israélienne, ces colons et extrémistes sillonnent le site quotidiennement, dans l’espoir de provoquer les réactions violentes des fidèles palestiniens en hurlant et chantant des hymnes nationalistes.

Cela fournit alors aux forces d’occupation le prétexte nécessaire pour appliquer des mesures musclées, dans le but final d’expulser les non-juifs et de remplacer les lieux saints musulmans sur place par un temple juif, donc de déclencher un choc de civilisation avec l’Islam.

La semaine dernière, Yehuda Glick, longtemps dirigeant du mouvement du Temple et aujourd’hui député pour le Likoud, accueillait favorablement l’interdiction par Israël à tout musulman de pénétrer sur le site d’al-Aqsa durant les jours qui ont suivi les coups de feu.

« Ceci constitue un énorme changement de donne », a-t-il déclaré. « Tout fait partie du processus de rédemption, mais les choses qui se produisent au mont du Temple en font particulièrement partie. »

« Les musulmans radicaux qui souillent de sang la sainteté du mont du Temple, le lieu le plus saint du peuple juif, n’ont pas le droit de se trouver en ce lieu », ont expliqué Glick et Shuli Moalem-Refaeli, du parti Foyer juif.

La semaine dernière, Glick a organisé une réunion d’urgence du mouvement du Temple dans le bâtiment même de la Knesset, le parlement israélien. Parmi les personnes présentes figuraient l’avocat du génocide, le rabbin Yisrael Ariel, et Bentzi Gopstein, dirigeant du mouvement de jeunesse Lehava contre le métissage.

Une idéologie génocidaire

Yisrael Ariel, le principal rabbin du mouvement du Temple, avait annoncé en 2015 un scénario apocalyptique de la fin des temps.

« [Dieu] et lui seul nous a commandé d’aller de ville en ville et de les conquérir, et d’imposer les sept lois [des Fils de Noé] dans le monde entier », avait dit Ariel.

Et d’ajouter que si les musulmans et les chrétiens « hissent le drapeau de la [reddition] et disent : « Désormais, il n’y a plus de chrétienté et il n’y a plus d’Islam et les mosquées et les clochers chrétiens seront abattus », il leur sera permis de vivre. » « Sinon », a-t-il mis en garde, « vous tuerez tous les mâles par l’épée. Et vous ne laisserez que les femmes. »

« Nous conquerrons l’Irak, la Turquie [et] nous irons en Iran aussi », a encore proclamé Ariel.

Ariel est le fondateur et le dirigeant de l’Institut du Temple, le groupement financé par le gouvernement qui a publié des avant-projets détaillés et une animation informatique de ce à quoi ressemblera le Temple censé être construit sur les ruines d’al-Aqsa. (Voir vidéo ci-dessous)

L’Institut du Temple a reçu des fonds du ministère israélien de l’Éducation afin de développer un cours censé instiller une « aspiration au Temple » chez les enfants et ce, dès l’âge où ils vont en crèche. En 2013, le maire de Jérusalem pour Israël, Nir Barkat, avait décerné une distinction à Ariel pour son travail d’organisation.

Cette idéologie génocidaire est enracinée dans le sionisme religieux et son aile politique est représentée par le parti du Foyer juif.

En 2012, Zevulun Orlev, l’un des députés du parti à la Knesset, réclamait la construction d’un temple sur le site même, ajoutant que déplacer le dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa allait signifier que « le monde musulman, fort d’un milliard d’individus, allait certainement déclencher une guerre mondiale ».
Cet extrémisme messianique s’est également rendu maître du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

En 2014, Moshe Feiglin, du Likoud, à l’époque vice-président de la Knesset, expliquait cette vue du monde fanatique. « Nous sommes sur le front principal du combat pour un monde libéré des forces du mal d’un Islam des plus extrémistes », affirmait-il. « Derrière la violence, il y a une bataille spirituelle, et le centre même de cette bataille est cet endroit, précisément – le mont du Temple. »

Le prétexte de la « liberté religieuse »

Bien d’autres hommes politiques israéliens emboîtent le pas à la direction du mouvement du Temple.

Un site internet du parti Likoud a lancé une pétition exigeant de « hisser le drapeau israélien au sommet du mont du Temple ».

« Le mont du Temple n’est pas entre nos mains », déclare la pétition. « Nous devons changer cette absurdité. »

Le ministre des Transports Yisrael Katz a souhaité qu’Israël « ne cède pas la souveraineté » sur Al Aqsa.

« Il nous faut fermer le mont du Temple aux musulmans pour une période prolongée », a déclaré le député du Foyer juif, Moti Yogev.

L’incitation à la violence de la part de hauts responsables israéliens est devenue un lieu commun, ces dernières années. Des douzaines de membres de la Knesset ont donné leur soutien verbal, et même matériel, au mouvement du Temple.

Alors que leurs déclarations font les gros titres à l’occasion, elles sont rarement prises en considération dans l’analyse de la situation explosive autour du site d’al-Aqsa.

Cette incitation à la violence se retrouve fréquemment dans des appels pour qu’Israël change unilatéralement le statu quo et permette la prière des juifs à Al Aqsa, évoquant de la sorte une absence de liberté religieuse sur le lieu saint occupé.

Mais, depuis longtemps, les principaux rabbins officiels d’Israël ont formellement interdit la prière des juifs sur le site et ce, pour des raisons théologiques – par souci de ce que, par inadvertance, les juifs n’aillent profaner des lieux qui doivent rester rituellement purs.

En maintenant cette tradition, les dirigeants de la communauté juive orthodoxe d’Israël blâment ceux qui insistent pour se rendre à l’enceinte Al Aqsa pour le bain de sang qui en résulterait. L’interdiction de visiter le mont du Temple a été fermement maintenue par les principaux rabbins orthodoxes.

« Ceux qui visitent le mont du Temple transforment le conflit israélo-arabe en un conflit religieux », a mis en garde Eidah Chareidid, une importante organisation juive orthodoxe antisioniste de Jérusalem.

« La véritable histoire »

Toutefois, comme le révélait Feiglin lors d’une séance de la Knesset en 2013, l’appel des juifs afin de pouvoir prier dans l’enceinte est un prétexte pour qu’Israël s’empare du site.

« Disons la vérité. La lutte ici ne tourne pas autour de la prière », admettait Feiglin. « Cela ne dérange nullement les Arabes que les juifs prient Dieu. Pourquoi devraient-ils s’en soucier ? Nous croyons tous en Dieu. La lutte tourne autour de la souveraineté. Voilà la véritable histoire, ici. L’histoire concerne une seule chose : la souveraineté. »

Pour faciliter la besogne des journalistes qui couvrent les événements de l’enceinte Al Aqsa, j’ai réuni au bas de cet article une liste des actuels et anciens membres de la Knesset qui, à des degrés différents, ont soutenu les desseins apocalyptiques du mouvement du Temple.

Certains des hommes politiques israéliens s’identifient eux-mêmes au mouvement, tandis que d’autres comprennent qu’il est expédient politiquement de faire des déclarations publiques pour soutenir la souveraineté israélienne sur Al Aqsa.

Le député du Likoud Avi Dichter, par exemple, est un ancien chef de la police secrète israélienne, le Shin Bet. Dichter est apparu dans le documentaire de 2012, The Gatekeepers, qui les présentait, lui et cinq anciens chefs du Shin Bet, comme des gens de la sécurité rudes mais pragmatiques, et qui étaient devenus des » colombes ».

Mais, la semaine dernière, Dichter postait sur Facebook une photo de lui-même en face du dôme du Rocher, avec un texte disant : « Ouvrez le mont du Temple aux juifs. »

Provocation et bain de sang

Étant donné le niveau d’incitation à propos du site le plus sensible du pays – en sus du climat de désespoir créé par le siège mortel de Gaza par Israël, par l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem, et par l’érosion des droits des citoyens palestiniens d’Israël – des agressions comme celle du 14 juillet ne devraient pas surprendre des observateurs bien informés.
Comme le disait Dichter en 2013, alors qu’il était ministre de la Sécurité publique – et avant de souscrire à l’agenda du mouvement du Temple – la prière des juifs à Al Aqsa, « servira de provocation, il en résultera des désordres, avec la probabilité presque certaine d’un bain de sang, en fin de compte ».

Ce peut être précisément ce que de nombreux Israéliens espèrent. Vendredi dernier, suite à une agression au couteau par un Palestinien, agression qui a tué trois Israéliens de la colonie illégale de Halamish, Tzachi Hanegbi, un ancien ministre du Likoud et proche allié de Netanyahou, menaçait les Palestiniens d’une « troisième Nakba » – une allusion aux expulsions de masse et nettoyage ethnique des Palestiniens par Israël, en 1948 et 1967.

Lui aussi ancien ministre de la Sécurité publique, Hanegbi promettait déjà en 2003 que les juifs, « bientôt, très bientôt » seraient à même de prier sur le site d’al-Aqsa.

Eli Ben-Dahan

Le vice-ministre de la Défense Eli Ben-Dahan, du Foyer juif, a fait don personnellement de 12 000 dollars à l’Institut du Temple, qui multiplie les efforts en vue de remplacer les lieux saints musulmans par un temple juif.

« Nous devons appeler le gouvernement et la Knesset à autoriser la prière des juifs, à faire de cette prière des juifs une chose normale et permise », a déclaré Ben-Dahan lors d’une conférence à la Knesset en novembre dernier.
Auparavant, Ben-Dahan avait décrit les Palestiniens comme des « bêtes » qui « n’ont rien d’humain ».

Tzipi Hotovely

Dans un récent discours adressé à des supporters du mouvement du Temple, la vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely, du Likoud, a invité les juifs à se rendre dans l’enceinte Al Aqsa.

En 2015, Hotovely avait fait les gros titres en disant que son rêve était de voir un drapeau israélien flotter au-dessus du mont du Temple et elle avait insisté pour que les juifs fussent à même d’y aller prier.

Zeev Elkin

Le ministre des Affaires de Jérusalem Zeev Elkin, du Likoud, a déclaré qu’une pleine reprise de l’enceinte devrait être le but national d’Israël.

« Il est important de mettre le mont du Temple hors de portée des religieux aux yeux sauvages », a dit Elkin. « Nous devons expliquer à de larges couches du peuple que, sans cet endroit, notre liberté nationale est incomplète. »

Oren Hazan

Le député du Likoud Oren Hazan a déclaré au groupe « Étudiants pour le mont du Temple » qu’il bâtirait le temple s’il devenait Premier ministre.

Quand l’auteur du présent article lui a demandé comment il exécuterait les démolitions, il a répondu : « Ce ne serait pas responsable en ce moment même de vous dire comment nous nous y prendrions, mais je tiens à le dire hautement et clairement : Lorsque j’aurai l’occasion de le faire, je le ferai. »

Yuli Edelstein

Le président de la Knesset Yuli Edelstein, du Likoud, déclarait en 2012 : « Mon boulot est de traiter du processus quotidien – c’est-à-dire réunir et construire le peuple d’Israël – qui mène au Temple. »

Miri Regev

La ministre de la Culture Miri Regev, du Likoud, a introduit une proposition de loi visant à appliquer au site d’al-Aqsa à Jérusalem des mesures similaires à celles imposées par Israël à Hébron.

Suite au massacre, perpétré en 1994 par un colon juif américain, de 29 fidèles palestiniens à la mosquée Al-Ibrahimi (appelée également tombeau des Patriarches) de Hébron – un autre lieu saint aux yeux des musulmans et des juifs – les forces israéliennes avaient procédé au partage de la mosquée et transformé la Vieille Ville en une ville fantôme.

Regev a demandé une fois de plus qu’un nouvel arrangement soit immédiatement décidé, après l’agression du 14 juillet.

Ayelet Shaked

La ministre de la Justice Ayelet Shaked, du Foyer juif, qui avait publié un appel génocidaire à tuer les mères palestiniennes juste avant l’offensive contre Gaza, en 2014, a également réclamé un changement unilatéral du statu quo afin de permettre aux juifs d’aller prier dans l’enceinte d’al-Aqsa.

Uri Ariel

Le ministre de l’Agriculture Uri Ariel, du Foyer juif, est une figure de proue dans le mouvement du Temple et a il itérativement appelé à la construction d’un temple juif.

« Nous avons bâti de nombreux petits, très petits temples », a déclaré Ariel, « mais il nous faut construire un véritable temple sur le mont du Temple. »

Gilad Erdan

Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan, du Likoud, a lui aussi prêté son soutien à cet effort. « À mon avis, notre droit au mont du Temple est inébranlable », a déclaré Erdan lors de la conférence des Quêteurs de Sion, en novembre dernier à la Knesset.

Erdan est également chargé de l’effort israélien en vue de combattre le mouvement BDS dirigé par les Palestiniens.

Danny Danon

L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies et ancien vice-ministre de la Défense Danny Danon, du Likoud, a également lancé un appel afin de permettre aux juifs d’aller prier à Al Aqsa.

Yitzhak Aharonovitch

Ancien ministre de la Sécurité publique, Yitzhak Aharonovitch, du parti Yisrael Beitenu (Israël notre maison), a lui aussi apporté son soutien en 2014. « Il est important d’ouvrir le [mont du Temple] aux juifs, des dizaines de milliers de fidèles viennent ici », a-t-il déclaré.

Yehiel Hilik Bar

Vice-président de la Knesset et ancien secrétaire général du parti travailliste, nominalement de gauche, Yehiel Hilik Bar a cosoutenu au départ (avec Miri Regev) un projet de loi visant à modifier le statu quo à Al Aqsa, bien qu’il ait retiré son soutien par la suite, après avoir subi des critiques à ce propos.

Bar avait déclaré que lui et le Parti travailliste « font partie du centre gauche sioniste qui voit en nos lieux saints la base de notre existence et l’essence de notre histoire ».

David Tzur, un ancien député du parti Hatnua, ostensiblement « pacifique » et dirigé par Tzipi Livni, a également lancé un appel en faveur de la prière des juifs dans l’enceinte Al Aqsa.

Michael Ben-Ari

Parmi ceux qui ont dirigé des incursions israéliennes figure l’ancien député Michael Ben-Ari, un incitateur notoire à la violence contre les Africains et les Palestiniens, et qui, jadis, avait détruit un exemplaire du Nouveau Testament sur une vidéo.

Construire le Temple « dès que possible »

Parmi d’autres députés qui ont demandé que les juifs puissent prier dans l’enceinte Al Aqsa, figurent l’ancien membre de la Knesset Zvulun Kalfa, du Foyer juif, et Ofir Akunis, du Likoud, qui est actuellement ministre de la Science.
Smotrich, Shuli Muallem-Refaeli et Nissan Slomiansky, du Foyer juif, et Miki Zohar, Avraham Neguise et Hazan, du Likoud, ont signé un projet de loi soutenant la prière des juifs à Al Aqsa.

Yinon Magal, du Foyer juif, a déclaré à la Knesset que les juifs devaient être en mesure de prier dans l’enceinte Al Aqsa et qu’il fallait y construire un temple dès que possible.

Le ministre du Tourisme Yariv Levin, du Likoud a déclaré : « Je dirais que, durant les si longues années où les juifs ont été en exil tout en priant pour un retour vers Zion, ils n’entendaient pas par là Tel-Aviv, mais bien Jérusalem. Ils ne rêvaient pas de retourner près du siège de la Knesset et du bureau du Premier ministre, mais bien vers un autre endroit – le mont du Temple. »

Ministre de l’Égalité sociale, Gila Gamliel, du Likoud a dit : « Le Temple est la carte d’identité du peuple d’Israël. »

Le député Arieh Eldad s’est rendu à Al Aqsa pour manifester en faveur du contrôle israélien.

Toute une série d’autres députés, dont Amir Ohana et Anat Berko, du Likoud, ont également participé à des conférences de soutien au mouvement du Temple.

Dan Cohen دان كوهين דן כהן 

Traduit par  Jean-Marie Flémal

Source : https://electronicintifada.net/content/these-are-israeli-leaders-who-want-destroy-al-aqsa/21166 
Date de parution de l’article original : 24/07/2017

Publié sur le site Tlaxcala : 

http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=21214 

 

 

 

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